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réfringente pourrait y avoir quelque part. Afin de soumettre ce soupçon à l’épreuve de l’expérience, j’ai rassemblé plusieurs fragments polis de soufre natif, de diamant, etc.; mais les anneaux formés sur ces corps n’ont pas présenté, du moins d’une manière sensible, l’inversion de couleur, quelque grande que fût l’inclinaison. Ces essais, il faut cependant en convenir, ne peuvent pas être regardés comme décisifs, vu que la force réfringente des métaux doit être de beaucoup supérieure à celle du soufre et du diamant. Sur les oxydes métalliques eux-mêmes, on distingue à peine quelques traces de dissemblance entre les deux images des anneaux que donne le rhomboïde, alors même que le rayon incident rase la surface de la lentille supérieure.

Si la présence d’un miroir métallique est nécessaire pour que le phénomène en question ait lieu lorsque les anneaux se forment sur une lame d’air, il n’en est pas ainsi du cas où le corps mince a bien plus de densité et est contigu, par une de ses faces, à un autre milieu assez réfringent. Ainsi, le charbon de terre offre souvent dans ses feuillures des couleurs très-vives, produites par une substance extrêmement mince, et qui se décomposent en deux images complémentaires, lorsqu’on les examine avec un rhomboïde sous des inclinaisons suffisamment obliques[1]. Les couleurs qui se forment artificiellement par les progrès de l’évaporation, sur de légères couches d’alcool ou

  1. 1. En appliquant les mêmes méthodes à l’observation des couleurs qui naissent sur les facettes de quelques crístaux de fer oligiste, de cuivre pyriteux, sur les mines de plomb sulfuré, etc., on apercevra un changement de couleur sans polarisation complète.