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J’avais employé dans ces expériences des miroirs parfaitement polis, soit d’acier, soit de cet alliage compacte et brillant dont se servent les opticiens pour faire des miroirs de télescopes ; or, l’angle de polarisation sur les métaux est, comme on sait, beaucoup plus aigu que sur les autres corps, et cependant celui sous lequel on voit disparaître une des images des anneaux, lorsqu’un miroir métallique concourt à leur formation, est précisément le même que s’ils naissaient entre deux lentilles de verre. Ce fait semblerait prouver, contre l’opinion de Newton et des physiciens qui, après lui, se sont occupés du même objet, que la décomposition des rayons a lieu à la première surface de la lame mince, puisque c’est elle seulement qui paraît régler l’angle de la polarisation ; mais cette supposition, tout improbable qu’elle est, ne suffirait pas pour expliquer les phénomènes.

Je me suis assuré, en effet, qu’un léger degré de dépoli dans la surface du miroir métallique inférieur n’est pas un obstacle à la formation des anneaux ; mais alors on peut, à volonté, et sans changer l’inclinaison du rayon visuel, en apercevoir deux suites distinctes. La première sera produite par la lumière régulièrement réfléchie, et ressemblera à celle qu’on apercevait lorsque le miroir était parfaitement poli ; l’autre, plus faible, ne sera visible que lorsqu’on arrêtera, avec un écran, la lumière contenue dans le plan de réflexion ; car les rayons qui la forment parviennent latéralement au miroir inférieur, d’où ils sont réfléchis vers l’œil par les petites facettes dont, par hypothèse, il est recouvert : ces deux images auront toujours d’ailleurs des teintes complémen-