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En faisant cette expérience avec des lames de verre soufflées au chalumeau, on reconnaît que sous l’angle de la portion de lumière transmise qui rend la lame visible est déjà polarisée comme si elle était réfléchie dans des épaisseurs sensiblement plus considérables que celles où elles commencent à paraître colorées ; du reste, sur toute autre lumière, ces lames, quelle que soit leur ténuité, agissent comme des plaques épaisses de verre.


    m’a pas été possible de remarquer que cette seconde lame ait influé en aucune manière, ni sur le nombre, ni sur la continuité, ni enfin sur les intensités comparatives des divers anneaux de la première suite. De cette expérience, qu’on peut vérifier de différentes manières, on doit conclure, ce me semble, qu’une très-petite partie du faisceau incident est décomposée par la lame mince ; car, sans cela, il faudrait admettre que la simple transmission de la lumière à travers une lame n’est pas accompagnée des accès de facile réflexion et de facile transmission, ou bien que les rayons qui ont déjà éprouvé une première fois cette modification échappent ensuite constamment à l’action des forces d’où dépendent les accès, ce qui serait une supposition bien étrange.

    La non-influence de la lame d’air au travers de laquelle on fait passer les premiers anneaux, me semble d’autant plus certaine, qu’en employant une loupe pour les observer, on peut apercevoir les plus petites irrégularités de leurs orbites. Une circonstance de cette expérience sur laquelle déjà Euler a porté son attention, et qui me paraît digne de remarque, c’est que la loupe doit être placée à une distance des lentilles précisément égale à celle dans laquelle on la fixerait si on voulait apercevoir distinctement l’une quelconque des deux surfaces qui comprennent la lame mince, et cela quoiqu’on puisse supposer, lorsqu’on fait l’expérience en plein air, que la lumière incidente était composée de plusieurs faisceaux de rayons parallèles.

    En éclairant les objectifs, pendant la nuit, avec la lumière d’une chandelle éloignée, on remarquera également que lorsqu’on voit distinctement les anneaux, l’image réfléchie de la chandelle est diffuse, et réciproquement que si l’œil est placé de manière à voir distinctement l’image de la chandelle, les anneaux ne s’aperçoivent presque pas.