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contribueront un jour à faire découvrir la cause de ce phénomène curieux, et qui dès ce moment pourraient servir, au besoin, à montrer que la plupart des nombreuses explications qu’on en a données sont inexactes ou insuffisantes. J’ai cru ne pas devoir m’interdire ces discussions purement théoriques lorsqu’elles étaient les conséquences immédiates du sujet. J’espère, dans tous les cas, qu’on me les pardonnera si l’on songe que les couleurs de lames minces ont été, à cause des circonstances singulières sous lesquelles elles se présentent, la pierre de touche d’après laquelle on a ordinairement jugé les théories de la lumière ; que Newton a consacré à leur examen un livre entier de son Optique et s’en est ensuite servi pour expliquer les couleurs naturelles des corps, et qu’enfin, indépendamment de toute application, elles méritent d’autant plus d’être étudiées sous tous les aspects possibles, qu’elles paraissent tenir de très-près au mode particulier d’action que les corps exercent sur les molécules lumineuses.

Les couleurs des lames minces s’aperçoivent dans un trop grand nombre de circonstances différentes pour qu’on puisse supposer que les anciens n’en aient pas eu connaissance. Boyle est cependant, si je ne me trompe, le premier physicien dont les ouvrages renferment quelques notions circonstanciées de ce phénomène. Dans un excellent Mémoire intitulé : Experiments and observations upon colours, imprimé pour la première fois en 1663, et qui est en tête du second volume de l’édition de Shaw, Boyle discute avec une rare sagacité quelques-unes des théories qui régnaient alors dans les écoles ; et à cette