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non loin de la porte de Bab-Azoun. Le consul et sa famille nous reçurent avec une grande aménité et nous donnèrent l’hospitalité.

Transporté subitement sur un continent nouveau, j’attendais avec anxiété le lever du soleil pour jouir de tout ce que l’Afrique devait offrir de curieux à un Européen, lorsque je me crus engagé dans une aventure grave. À la lueur du crépuscule, je vis un animal qui se mouvait au pied de mon lit. Je donnai un coup de pied ; tout mouvement cessa. Après quelque temps, je sentis le même mouvement s’exécuter sous mes jambes ; une brusque secousse le fit cesser aussitôt… J’entendis alors les éclats de rire du janissaire, couché, sur un canapé, dans la même chambre que moi, et je vis bientôt qu’il avait simplement, pour s’amuser de mon inquiétude, placé sur mon lit un gros hérisson.

Le consul s’occupa, le lendemain, de nous procurer le passage sur un bâtiment de la Régence qui devait partir pour Marseille. M. Ferrier, chancelier du consulat français était en même temps consul d’Autriche. Il nous procura deux faux passe-ports qui nous transformaient, M. Berthemie et moi, en deux marchands ambulants, l’un de Schwekat, en Hongrie, l’autre de Leoben.


XXIII.


Le moment du départ était arrivé ; le 13 août 1808, nous étions à bord ; l’équipage n’était pas encore embarqué. Le capitaine en titre, Raï Braham Ouled Mustapha Goja, s’étant aperçu que le dey était sur sa terrasse, et