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de Carnot : un Français, pauvre lui-même, établi à Varsovie depuis longues années, alla un matin lui apporter dans un sac le fruit des épargnes de toute sa vie.

L’âpreté du climat de la Pologne, le désir de se rapprocher de la France, déterminèrent notre confrère à accepter les offres bienveillantes du gouvernement prussien ; il s’établit à Magdebourg, où il a passé ses dernières années dans l’étude, dans la méditation et en compagnie d’un de ses fils, dont il dirigeait l’éducation. C’était, Messieurs, un beau spectacle que de voir l’Europe entière, que de voir surtout les souverains absolus forcés, en quelque sorte, de rendre hommage à ce que la révolution française avait eu de grand, de noble, de saisissant, même dans la personne d’un des juges de Louis XVI, même dans la personne d’un des membres du comité de salut public.

Carnot mourut à Magdebourg, le 2 août 1823, à l’âge de soixante-dix ans.


PORTRAIT DE CARNOT. — ANECDOTES CONCERNANT SA VIE POLITIQUE ET SA VIE PRIVÉE.


Si l’iconographie n’est aujourd’hui considérée par personne comme une science futile, si des esprits très-distingués en ont fait l’objet des plus sérieuses études, il me sera bien permis de dire ici que Carnot avait une taille élevée, des traits réguliers et mâles, un front large et serein, des yeux bleus, vifs, pénétrants, un abord poli, mais circonspect et froid ; qu’à soixante ans on apercevait encore en lui, même sous le costume civil, quelque