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notre confrère qui éclairent ce point de sa vie, et qui me furent transmises le jour même par un officier qui les avait entendues.

On était à table, au ministère de l’intérieur. Une lettre arrive ; le ministre brise le cachet et s’écrie presque aussitôt : « Eh bien, Messieurs, me voilà comte de l’empire ! « Je devine bien au reste d’où le coup part. C’est ma démission qu’on désire, qu’on demande. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction ; je resterai, puisque je pense pouvoir être utile au pays. Le jour viendra, j’espère, où il me sera permis de m’expliquer nettement sur cette perfidie ; à présent, je me contenterai de dédaigner ce vain titre, de ne jamais l’accoler à mon nom et surtout de ne pas en prendre le diplôme, quelques instances qu’on me fasse. De ce moment, vous pouvez tenir pour certain, Messieurs, que Carnot ne restera pas longtemps ministre après que les ennemis auront été repoussés. »

J’aurais bien mal fait apprécier notre confrère, Messieurs, si ces paroles semblaient exiger plus de développements.


CARNOT DANS L’EXIL. — SA MORT.


De tous les ministres des Cent-Jours, Carnot fut le seul dont le nom figura sur la liste de proscription dressée le 24 juillet 1815 par la seconde Restauration. Que cette rigueur exceptionnelle ait été la conséquence de l’ardeur patriotique avec laquelle notre confrère voulait disputer aux étrangers les derniers lambeaux du territoire fran-