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« Il ne reste donc plus ici à faire qu’à se déshonorer ou à mourir ; je vous prie de croire que nous sommes tous décidés à ce dernier parti…

« Je crois, Monsieur le général en chef, que si vous pouvez prendre sur vous de me laisser au moins la troupe de ligne et l’artillerie (il y avait à Anvers un détachement de la garde impériale), vous rendrez à Sa Majesté un très-grand service ; mais le tout sera prêt partir demain, si je ne reçois de vous un contre-ordre que j’attendrai avec la plus grande impatience et la plus grande anxiété. »

Outre la dépêche au général Maison je trouve à la même date une lettre au ministre de la guerre, le duc de Feltre ; j’y remarque le passage suivant :

« Quand j’ai offert à Sa Majesté de la servir, j’ai bien voulu lui sacrifier ma vie, mais non pas l’honneur. Vous savez, Monsieur le duc, que je ne suis pas dans l’usage de dissimuler la vérité, parce que je ne recherche point la faveur. La vérité est que l’état où vos ordres me réduisent est cent fois pire que la mort, parce que je n’ai de chances pour sauver le poste qui m’est confié que la lâcheté de mes ennemis. »

Bernadotte, ayant voulu détourner Carnot de la ligne de conduite qu’il s’était tracée, en reçut la réponse suivante :

10 avril 1814.
« Prince,

« C’est au nom du gouvernement français que je commande dans la place d’Anvers. Lui seul a le droit de fixer le terme de mes fonctions : aussitôt que le gouvernement sera définitivement et incontestablement établi sur ses