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paix glorieuse, et de faire que l’amour du grand peuple vous soit rendu.

« Je suis, etc. »

Les détails que j’ai cru devoir vous donner sur les circonstances de la rédaction de cette lettre désabuseront, j’espère, ceux qui, accoutumés à concentrer toutes leurs affections sur la personne de Napoléon, virent dans les dernières paroles de Carnot une attaque cruelle et préparée de longue main du vieux démocrate contre celui qui avait confisqué la République à son profit. En vérité, Messieurs, il fallait être bien décidé à mettre les questions de personnes à la place de l’intérêt du pays, pour ne trouver qu’à blâmer dans l’offre de l’illustre sexagénaire d’aller défendre une forteresse, lorsque d’ailleurs, en fait de capitulations, il avait naguère résumé sa pensée dans ces belles paroles du fameux Blaise de Montluc au maréchal de Brissac : J’aimerais mieux être mort que de voir mon nom en pareilles écritures.

Carnot partit de Paris pour Anvers à la fin de janvier, sans même avoir vu l’Empereur. Il était temps, Messieurs ; le nouveau gouverneur n’atteignit la forteresse, le 2 février dans la matinée, qu’à travers les bivouacs de l’ennemi. Le bombardement de la ville, ou plutôt le bombardement de notre escadre, car il y avait des Anglais dans les assiégeants, commença dès le lendemain ; il dura toute la journée du 3, toute la journée du 4 et une partie du 6. Quinze cents bombes, huit cents boulets ordinaires, beaucoup de boulets rouges et de fusées, furent lancés sur nos vaisseaux. L’ennemi se retira ensuite : il avait suffi d’une