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se composent les places de guerre modernes, est la solution de la question si ancienne du flanquement. On peut en quelques points varier la construction, mais le but est toujours le même. Les principes abstraits de l’art sont devenus clairs et évidents. Le corps illustre d’officiers qui, aujourd’hui, est en possession de les appliquer à la défense du pays, a eu le bon esprit de renoncer au mystère dont il s’entourait jadis, et qui lui a été si vivement reproché. La fortification s’enseigne comme toute autre science ; ses procédés sont empruntés à la géométrie la plus élémentaire ; un simple amateur peut se les rendre familiers en quelques leçons.

Remarquons maintenant que la fortification moderne a le défaut d’exiger des dépenses énormes. C’est ce défaut ruineux que Carnot voulut faire disparaître, en substituant à l’emploi des feux directs celui des feux courbes. Carnot forme l’enceinte de la place d’un mur simple non revêtu, avec escarpe et contrescarpe. Le mur peut ne pas avoir une forte épaisseur, puisqu’il n’a pas à résister à la poussée des terres destinées à porter de l’artillerie. Derrière ce mur, il place des mortiers, des obusiers, des pierriers, devant porter dans la campagne des feux courbes dont l’effet, suivant lui, doit être beaucoup plus meurtrier que celui des feux directs, et opposer au cheminement de l’ennemi des obstacles de plus en plus efficaces à mesure qu’il se rapproche. Le mur est défilé contre les feux directs de l’assiégeant par la contrescarpe en terre formant une des parois du fossé. Il semble donc que, pour faire brèche, il faudra, comme dans le système actuel des fortifications, venir couronner le chemin cou-