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l’autorité des plus grands géomètres des temps modernes ; c’est une notion consacrée par l’assentiment de qui a, comme on dit, plus d’esprit que Voltaire, que Rousseau, que Bonaparte, par l’assentiment de la généralité du public, que Carnot a combattue avec les armes acérées de la logique.

Rien assurément de plus simple que la notion d’une quantité négative quand cette quantité est accolée à une quantité positive plus grande qu’elle ; mais une quantité négative détachée, mais une quantité négative prise isolément, doit-elle être réellement considérée comme au-dessous de zéro, et à plus forte raison comme inférieure à une quantité positive ? Carnot, d’accord en ce point avec d’Alembert, celui des grands mathématiciens du dernier siècle qui s’est le plus occupé de la philosophie de la science, soutient que les quantités négatives isolées figurent dans des opérations avouées de tout le monde, et où, cependant, il ne serait pas possible de les supposer au-dessous de zéro. Malgré l’aridité de pareils détails, je citerai une de ces opérations. Personne ne nie que

+ 10 ne soit à – 10 comme – 10 est à + 10.

Pour que quatre nombres forment une proportion, il faut et il suffit, en effet, que, si ces quatre nombres sont convenablement rangés par ordre, le produit des extrêmes soit égal à celui des moyens. Il n’y a pas lieu à s’effaroucher, Messieurs ; ce que j’invoque ici n’est autre chose que le principe de la fameuse règle de trois des maîtres d’écriture et d’arithmétique ; c’est le principe du calcul qui s’exécute quelques centaines de mille fois par jour