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jets dans les salons du célèbre club de Clichy ; lorsque, aux récriminations, aux accusations réciproques, parvenues au dernier terme de l’exaltation, succédaient déjà des voies de fait contre les patriotes et les acquéreurs de biens nationaux, nos troupes étaient partout triomphantes. L’armée de Rhin-et-Moselle sous les ordres de Moreau, l’armée de Sambre-et-Meuse commandée par Jourdan, venaient de traverser glorieusement le Rhin ; elles marchaient au cœur de l’Allemagne ; l’armée d’Italie était à vingt lieues de Vienne ; Bonaparte signait à Léoben les préliminaires d’un traité de paix vivement attendu. Il pouvait, sans compromettre les négociations, se montrer difficile même sur de simples questions d’étiquette ; il pouvait refuser net de mettre dans les protocoles le nom de l’empereur d’Allemagne avant celui de la République française ; il pouvait aussi, quand le général Meerweld et le marquis de Gallo lui parlaient de reconnaissance, répliquer, sans forfanterie, par ces mémorables paroles : « La République française ne veut pas être reconnue ; elle est en Europe ce qu’est le soleil sur l’horizon ; tant pis pour qui ne veut pas la voir et en profiter. » Est-il donc étonnant, je vous le demande, Messieurs, que, dans une position si favorable de nos affaires extérieures, Carnot crût à la possibilité d’une conciliation entre les partis politiques qui se partageaient le pays ; qu’il refusât, j’emploie à dessein ses propres paroles, de conjurer le danger en sortant des limites de la constitution ; qu’il repoussât loin de lui toute pensée de coup d’État, moyen assurément très-commode de sortir d’embarras, mais moyen dangereux, et qui presque toujours finit par