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seraient pas en sûreté si nous restions ici ; l’ambassadeur de France à Madrid me préviendra quand un bâtiment américain, à l’ancre au Grao de Valence, pourra nous prendre à son bord, et moi, je vous avertirai dès que le moment sera venu. » Ce moment ne vint pas, car, peu de jours après, la fausse nouvelle qui, on doit le supposer, avait dicté la proclamation du prince de la Paix, fut remplacée par le bulletin de la bataille d’Iéna. Les gens qui d’abord faisaient les fanfarons et menaçaient de tout pourfendre, étaient subitement devenus d’une platitude honteuse ; nous pouvions nous promener dans la ville, tête levée, sans craindre désormais d’être insultés.

Cette proclamation, dans laquelle on parle des circonstances critiques où était la nation espagnole, des difficultés qui entouraient ce peuple, du salut de la patrie, des palmes et du Dieu de la victoire, d’ennemis avec lesquels on devait en venir aux mains, ne renfermait pas le nom de la France. On en profita, le croirait-on ? pour soutenir qu’elle était dirigée contre le Portugal.

Napoléon fit semblant de croire à cette burlesque interprétation ; mais, dès ce moment, il fut évident que l’Espagne serait tôt ou tard obligée de rendre un compte sévère des intentions guerroyantes qu’elle avait subitement montrées en 1806 : ceci, sans justifier les événements de Bayonne, les explique d’une manière fort naturelle.


XII.


J’attendais à Valence M. Biot, qui s’était chargé d’apporter de nouveaux instruments avec lesquels nous de-