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ne devais pas négliger de vous montrer notre confrère apercevant, avec une perspicacité infinie, le héros de Rivoli, d’Arcole, de Castiglione, à travers l’écorce de timidité, de réserve, tranchons le mot, de mauvaise grâce, que tout le monde remarquait alors dans le protégé de Barras.

Je prévois tout ce que je rencontrerais d’incrédulité si j’essayais d’étendre davantage les limites de l’influence que notre confrère exerça sur la campagne d’Italie ; et, cependant, ne trouverai-je pas, même dans le petit nombre de pièces officielles actuellement connues du public, à la date du 10 floréal an iv, par exemple, une dépêche du quartier général de Chérasco, dans laquelle Bonaparte écrivait à Carnot : « La suspension d’armes conclue entre le roi de Sardaigne et nous me permet de communiquer par Turin, c’est-à-dire d’épargner la moitié de la route ; je pourrai donc recevoir promptement vos ordres et connaitre vos intentions pour la direction à donner à l’armée. » Une lettre au ministre des finances, du 2 prairial an iv, datée du quartier général de Milan, m’offrirait ce passage : « Le Directoire exécutif, qui m’a nommé au commandement de cette armée, a arrêté un plan de guerre offensif qui exige des mesures promptes et des ressources extraordinaires. »

Le 2 prairial an iv (21 mai 1796), Carnot écrivait au jeune général « Attaquez Beaulieu avant que des renforts puissent le rejoindre ; ne négligez rien pour empêcher cette réunion ; il ne faut pas s’affaiblir devant lui, et, surtout, lui donner, par un morcellement