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nés à la chaussure exigeait des mois entiers de travail ; d’aussi longs délais ne sauraient se concilier avec les besoins de nos soldats, et l’art du tanneur reçoit des perfectionnements inespérés : désormais, des jours y remplaceront des mois. La fabrication des armes est si minutieuse, que ses lenteurs paraissent inévitables ; des moyens mécaniques viennent aussitôt fortifier, diriger, remplacer la main de l’ouvrier ; les produits naissent au gré des besoins. Les ballons n’avaient été jusqu’en 1794 qu’un simple objet de curiosité ; à la bataille de Fleurus un ballon portera le général Morlot dans la région des nuages ; de là les moindres manœuvres de l’ennemi seront aperçues, signalées à l’instant, et une invention toute française procurera à nos armes un éclatant triomphe. Les crayons de graphite (mine de plomb) sont la plume et l’encre de l’officier en campagne ; c’est avec le crayon qu’il trace sur le pommeau de la selle de son cheval ces quelques caractères qui lancent au fort de la mêlée des milliers de fantassins, de cavaliers, d’artilleurs ; le graphite est une des substances que la nature semblait avoir refusées à notre sol ; le comité de salut public ordonne de le créer de toutes pièces, et cet ordre de faire une découverte est exécuté sans retard, et le pays s’enrichit d’une nouvelle industrie. Enfin, car il faut bien me résigner à ne pas tout dire, les premières idées du télégraphe sont tirées des in-folio où depuis des centaines d’années elles restaient enfouies sans aucun profit ; on les perfectionne, on les étend, on les applique, et dès ce moment les ordres arrivent aux armées en quelques minutes ; le comité de salut public suit de Paris toutes les péripéties