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rie (le jeune Hoche) ne travaillait pas seulement pour les cartons poudreux des archives, lorsqu’il composait un mémoire sur les moyens de pénétrer en Belgique ; alors la lecture de ce travail inspirait à Carnot cette exclamation prophétique : « Voilà un sergent d’infanterie qui fera son chemin. » Alors le sergent, suivi de l’œil dans toutes ses actions, devenait coup sur coup, et dans l’espace de quelques mois, capitaine, colonel, général de brigade, général de division et général en chef ; alors une classe peu nombreuse de la société n’était pas seule investie du privilége de fournir les chefs de nos armées ; alors, en fait comme en droit, chaque soldat avait des lettres de commandement dans sa giberne : une action d’éclat les en faisait sortir ; alors la force militaire, malgré son immense importance, malgré les services éclatants qu’elle rendait au pays, malgré les désordres de l’époque, inclinait respectueusement ses faisceaux devant l’autorité civile, mandataire de la nation.

Jetons nos regards sur une autre face de l’administration de la guerre, et Carnot ne nous paraîtra ni moins grand ni moins heureux.

On manque de cuivre pur ; à la voix de la patrie éplorée, les sciences trouvent dans les cloches des couvents, des églises, des horloges publiques, la mine inépuisable d’où elle extraira sans retard tout le métal que l’Angleterre, la Suède, la Russie, lui refusent. On n’a point de salpêtre ; des terrains où jadis on n’eût cherché cette substance que pour s’assurer de la délicatesse d’un moyen d’analyse chimique, fourniront à tous les besoins de nos armées, de nos escadres. La préparation des cuirs desti-