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cadre anglaise ; enfin, nos principales villes, Marseille, Caen, Lyon, se séparaient violemment du gouvernement central.

Vous avez maintenant sous les yeux, Messieurs, une faible image des dangers qui menaçaient la patrie ; et l’on ose prétendre que la Convention, que la terrible Convention espéra échapper à l’imminente catastrophe que l’Europe presque tout entière croyait inévitable, sans même établir un certain ensemble dans les opérations de ses nombreux généraux ; et l’on a pu imaginer qu’en chargeant l’un de ses membres de la direction à peu près souveraine des affaires militaires, elle n’attendait de lui que les mesures méthodiques, réglementaires, compassées d’un fournisseur ou d’un intendant d’armée ! Non, non ! personne n’a pu se rallier de bonne foi à de semblables idées.

Ne croyez pas, néanmoins, que je dédaigne les services administratifs de Carnot. J’admire, au contraire, leur noble simplicité. Il n’y avait alors, en effet, dans son ministère, ni cette inextricable filière de paperasses que la plus petite affaire exige de nos jours ; ni ce réseau, si artistement tissu, où tout se lie, depuis le garçon de bureau jusqu’au chef de service, d’une manière si serrée, si intime, que la main la plus ferme, la plus hardie, ne saurait se flatter d’en rompre ou d’en séparer les éléments. Alors le chef responsable prenait une connaissance directe et personnelle des dépêches qui lui étaient adressées ; alors les conceptions de l’homme d’élite n’étaient pas exposées à périr sous les coups d’une multitude de médiocrités envieuses ; alors un simple sergent d’infante-