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tion approfondie ; que la majorité des voix prononçât. Les décisions, pour acquérir force de loi, devaient, à peine de nullité, être revêtues d’un certain nombre de signatures. Ces prescriptions avaient le plus grand de tous les défauts, celui d’être complétement inexécutables. L’homme a trouvé de nos jours le secret de décupler sa vitesse quand il se déplace, de modifier sa force quand il doit agir, de porter ses regards scrutateurs dans les régions de l’infini ; il n’a pas découvert encore les moyens de lire une page d’écriture en moins de temps qu’on n’en employait jadis. Il faut même reconnaître qu’à cet égard le plus humble commis expéditionnaire marcherait l’égal de César, de Cicéron, de Descartes, de Bossuet. Les innombrables dépêches que le comité de salut public recevait journellement de tous les points de nos frontières menacées ou envahies, de toutes les villes, de tous les villages de l’intérieur où les promoteurs d’une nouvelle organisation politique luttaient violemment contre les préjugés et les intérêts des castes privilégiées, ne pouvaient être examinées avec maturité. Le zèle, l’activité, le dévouement, ne suffisaient pas à l’expédition de tant de graves affaires ; une réforme était indispensable : il y allait du salut de la France. Deux voies différentes se présentaient : on pouvait provoquer la réorganisation du comité, ou partager le travail entre ses divers membres. La réorganisation du comité, en présence d’un ennemi puissant, au milieu de difficultés inouïes (dont aucune époque de l’histoire des peuples n’avait offert l’exemple), eût jeté dans la Convention de nouveaux ferments de discorde, énervé son pouvoir magique, et compromis la défense du territoire. La