Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/585

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa jurisprudence ; quand elle s’attribuait simultanément les fonctions d’accusateur et de juge, Carnot était absent de Paris, Carnot remplissait aux armées une de ces missions importantes dont son ardent patriotisme trouvait toujours le secret de vaincre les difficultés.


CARNOT, MEMBRE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.


La concession qu’on a exigée de moi, si toutefois je m’y suis bien exactement conformé, m’autorise à me montrer moins docile au sujet d’une autre période de la vie de Carnot, plus orageuse, plus difficile encore. Évitons, j’y consens de grand cœur, évitons de reporter nos regards sur certaines phases irritantes de nos discordes civiles ; pour moi, je n’y mettrai jamais qu’une condition : c’est que la mémoire d’aucun de nos confrères n’en souffrira. Eh bien, Messieurs, supposez un moment que je me taise ici sur le membre du comité de salut public ; ne conclura-t-on pas de mon silence, je dis plus, n’aura-t-on pas le droit d’en conclure que j’ai reconnu l’impossibilité de repousser les attaques vives, nombreuses, poignantes, dont il a été l’objet ? Ces attaques, Carnot, de son vivant, a pu les dédaigner ; il m’était, au contraire, imposé d’en chercher l’origine, d’en peser consciencieusement la valeur. Je le dis sans forfanterie, aucune puissance humaine ne m’eût décidé à faire retentir ici le nom de Carnot, si je n’avais découvert les causes honorables, patriotiques, de certains actes que la plus atroce des calomnies, que la calomnie politique, avait souillés de sa bave infecte. Mon travail, au