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cesseur de cent rois et le renversement de la monarchie ; cependant moi, partisan décidé de l’abolition de la peine de mort, je n’aperçois pas les prétendues difficultés de position qui m’auraient empêché de m’abandonner ici publiquement aux inspirations de ma conscience ; je ne devine pas mieux pourquoi je me serais abstenu de rendre aussi cette enceinte confidente de l’aversion profonde que je professe pour tout arrêt politique rendu par un corps politique. Faut-il le dire, enfin, une fraternelle sollicitude pour la mémoire de Carnot ne me paraissait pas exiger le sacrifice qui m’est imposé. A-t-on oublié tout ce que l’histoire contemporaine m’aurait fourni de documents accusateurs contre les mille courtisans dont les manœuvres intéressées, hypocrites, antinationales, jetèrent le monarque dans un labyrinthe sans issue, le firent déclarer coupable à l’unanimité par la représentation nationale, et rendirent, bien plus encore que les ardentes idées démocratiques de la Convention, la catastrophe du 21 Janvier inévitable. Si de ces hautes considérations de morale j’étais descendu à l’appréciation minutieuse des faits, à leur discussion technique, telle qu’il faudrait la soumettre à une cour d’appel ou de cassation, j’aurais trouvé avec tous les esprits droits, avec notre Daunou, par exemple, l’illégalité du célèbre procès, moins dans la nature de la sentence, moins dans la sévérité de la peine infligée, que dans la composition même du tribunal, que dans l’usurpation de pouvoir qui lui avait donné naissance. Or, Messieurs, et je n’aurais pas manqué d’en faire la remarque, quand la Convention s’investissait du droit de prononcer sur le sort de Louis XVI ; quand elle réglait après coup,