Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/563

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fier. Le physicien, transporté dans la région des météores, prenant la nature sur le fait, pénétrait enfin, d’un seul regard, le mystère de la formation de la foudre, de la neige, de la grêle. Le géographe, profitant d’un vent favorable, allait explorer, sans danger comme sans fatigue, et ces zones polaires que des glaces amoncelées depuis des siècles semblent vouloir dérober pour toujours à notre curiosité, et ces contrées centrales de l’Afrique, de la Nouvelle-Hollande, de Java, de Sumatra, de Bornéo, non moins défendues contre nos entreprises par un climat dévorant que par les animaux et les peuplades féroces qu’elles nourrissent. Certains généraux croyaient se livrer à un travail urgent en étudiant les systèmes de fortification d’artillerie qu’il conviendrait d’opposer à des ennemis voyageant en ballon ; d’autres élaboraient de nouveaux principes de tactique applicables à des batailles aériennes. De tels projets, qu’on dirait empruntés à l’Arioste, semblaient assurément devoir satisfaire les esprits les plus aventureux, les plus enthousiastes ; il n’en fut pas ainsi, cependant. La découverte des aérostats, malgré le brillant cortége dont chacun l’entourait à l’envi, ne parut que l’avant-coureur de découvertes plus grandes encore : rien désormais ne devait être impossible à qui venait de conquérir l’atmosphère ; cette pensée se reproduit sans cesse ; elle revêt toutes les formes ; la jeunesse s’en empare avec bonheur ; la vieillesse en fait le texte de mille regrets amers. Voyez la maréchale de Villeroi : octogénaire et malade, on la conduit presque de force à une des fenêtres des Tuileries, car elle ne croit pas aux ballons ; le ballon toutefois se détache de ses amarres ; notre