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justice à leur propre théorie[1], tandis que Lavoisier, qui avait rompu ces entraves, présenta le premier la nouvelle doctrine dans toute sa perfection.

Il serait très-possible que, sans rien savoir de leurs travaux respectifs, Watt, Cavendish, Lavoisier eussent, à peu près en même temps, fait le grand pas de conclure de l’expérience que l’eau est le produit de la combinaison des deux gaz si souvent cités. Telle est, en effet, avec plus ou moins de netteté, la conclusion que les trois savants présentèrent. Reste maintenant la déclaration de Blagden, d’après laquelle Lavoisier aurait eu communication de la théorie de Cavendish, même avant d’avoir fait son expérience capitale. Cette déclaration, Blagden l’inséra dans le Mémoire même de Cavendish[2] ; elle parut dans les Transactions philosophiques, et il ne semble pas que Lavoisier l’ait jamais contredite, quelque inconciliable qu’elle fût avec son propre récit.

Malgré toute la susceptibilité jalouse de Blagden en

  1. Personne ne devait s’attendre que Watt, écrivant et publiant pour la première fois, en butte aux soucis d’une fabrication immense et d’affaires commerciales également étendues, pourrait lutter avec la plume éloquente et exercée de Lavoisier ; mais le résumé de sa théorie ( voyez la page 331 du Mémoire ) me paraît à moi, qui, à vrai dire, ne suis peut-être pas un juge impartial, aussi lumineux et aussi remarquable par l’expression, que les conclusions de l’illustre chimiste français. ( Note de M. Watt fils. )
  2. Une lettre au professeur Crell, dans laquelle Blagden donna une histoire détaillée de la découverte, parut dans les Annalen de 1786. Il est remarquable que, dans cette lettre, Blagden dit qu’il communiqua à Lavoisier les opinions de Cavendish et de Watt, et que ce dernier nom figure là pour la première fois dans le récit des confidences verbales du secrétaire de la Société royale. ( Note de M. Watt fils. )