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latente, de la réunion des bases de l’air inflammable et de l’air déphlogistiqué ; si cette conception avait eu dans leur esprit autant de netteté que dans celui de Lavoisier, ils auraient certainement évité l’incertitude et l’obscurité que j’ai signalées[1].

En ce qui concerne Watt, voici les nouveaux faits que nous venons d’établir :

  1. Au bas de la page 331 des Transactions, dans une partie de sa lettre d'avril 1783, imprimée en Italique, Watt dit : « Ne sommes-nous pas dès lors autorisé à conclure que l’eau est composée d’air déphlogistiqué et de phlogistique, dépouillés d’une partie de leur chaleur latente ou élémentaire ; que l’air déphlogistiqué, ou l’air pur, est de l’eau privée de son phlogistique et unie à de la chaleur ou à de la lumière élémentaire ; que la chaleur et la lumière y sont certainement contenus à l’état latent, puisqu’elles n’affectent ni le thermomètre, ni l’œil ? Si la lumière est seulement une modification de la chaleur, ou une particularité de son existence, ou une partie constituante de l’air inflammable, alors l’air pur ou déphlogistiqué est de l’eau privée de son phlogistique et unie à de la chaleur élémentaire. »

    Ce passage n’est-il pas aussi clair, aussi précis, aussi intelligible que les conclusions de Lavoisier ? (Note de M. Watt fils.)

    L’obscurité que lord Brougham reproche aux conceptions théoriques de Watt et de Cavendish ne me semble pas réelle. En 1784, on savait préparer deux gaz permanents et très-dissemblables. Ces deux gaz, les uns les appelaient air pur et air inflammable ; d’autres, air déphlogistiqué et phlogistique ; d’autres, enfin, oxygène et hydrogène. Par la combinaison de l’air déphlogistiqué et du phlogistique, on engendra de l’eau ayant un poids égal à celui des deux gaz. L’eau, dès lors, ne fut plus un corps simple : elle se composa d’air déphlogistiqué et de phlogistique. Le chimiste qui tira cette conséquence, pouvait avoir de fausses idées sur la nature intime du phlogistique, sans que cela jetât aucune incertitude sur le mérite de sa première découverte. Aujourd’hui même a-t-on mathématiquement démontré que l’hydrogène (ou le phlogistique) est un corps élémentaire ; qu’il n’est pas, comme Watt et Cavendish le crurent un moment, la combinaison d’un radical et d’un peu d’eau ? (Note de M. Arago.)