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au Mémoire de Cavendish, écrite de la main de ce chimiste, et qui est certainement postérieure à l’arrivée en Angleterre du Mémoire de Lavoisier, Cavendish établit distinctement pour la première fois, comme dans l’hypothèse de Lavoisier, que l’eau est un composé d’oxygène et d’hydrogène. Peut-être ne trouvera-t-on pas une différence essentielle entre cette conclusion et celle à laquelle Cavendish s’était d’abord arrêté, que le gaz oxygène est de l’eau privée de phlogistique, car il suffira, pour les rendre identiques, de considérer le phlogistique comme de l’hydrogène ; mais dire de l’eau qu’elle se compose d’oxygène et d’hydrogène, c’est, certainement, s’arrêter à une conclusion plus nette et moins équivoque. J’ajoute que dans la partie originale de son Mémoire, dans celle qui fut lue à la Société royale avant l’arrivée du Mémoire de Lavoisier en Angleterre, Cavendish trouve plus juste de considérer l’air inflammable « comme de l’eau phlogisliquée que comme du phlogistique pur » (p. 140).

Voyons maintenant quelle a été la part de Watt. Les dates joueront ici un rôle essentiel.

Il paraît que Watt écrivit au docteur Priestley, le 26 avril 1783, une lettre dans laquelle il dissertait sur l’expérience de l’inflammation des deux gaz en vaisseaux clos, et qu’il y arrivait à la conclusion que « l’eau est composée d’air déphlogistiqué et de phlogistique, privés l’un et l’autre d’une partie de leur chaleur latente. »[1]

  1. Nous pouvons en toute assurance déduire de la correspondance inédite de Watt, qu’il avait déjà formé sa théorie sur la composition de l’eau, en décembre 1782, et probablement plus tôt. Au surplus,