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je consente jamais à placer tous les services militaires sur une même ligne.

Quel Français, homme de cœur, même au temps de Louis XIV, aurait voulu aller chercher un exemple de courage, soit dans les cruelles scènes des Dragonnades, soit dans les tourbillons de flamme qui dévoraient les villes, les villages, les riches campagnes du Palatinat ?

Naguère, après mille prodiges de patience, d’habileté, de bravoure, nos vaillants soldats pénétrant dans Saragosse à moitié renversée, atteignirent la porte d’une église où le prédicateur faisait retentir aux oreilles de la foule résignée ces magnifiques paroles « Espagnols, je vais célébrer vos funérailles ! » Que sais-je ? mais, en ce moment, les vrais amis de notre gloire nationale balançant les mérites divers des vainqueurs et des vaincus, auraient peut-être volontiers interverti les rôles !

Mettez, j’y consens, entièrement de côté la question de moralité. Soumettez au creuset d’une critique consciencieuse les titres personnels de certains gagneurs de batailles, et croyez que, si vous faites une part équitable au hasard, espèce d’allié dont on fait toujours abstraction parce qu’il est muet, bien de prétendus héros vous paraîtront peu dignes de ce titre pompeux.

Si on le trouvait nécessaire, je ne reculerais pas devant un examen de détail, moi, cependant, qui, dans une carrière purement académique, ai dû trouver peu d’occasions de recueillir des documents précis sur un pareil sujet. Je pourrais, par exemple, citer dans nos propres annales une bataille moderne, une bataille gagnée, dont la relation officielle rend compte comme d’un événement