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était cependant son moindre mérite : elle s’assimilait tout ce qui avait quelque valeur ; elle rejetait sans retour, presque instinctivement, les superfluités qu’il eût été inutile de conserver.

La variété de connaissances de notre confrère serait vraiment incroyable, si elle n’était attestée par plusieurs hommes éminents. Lord Jeffrey, dans une éloquente Notice, caractérisa heureusement l’intelligence à la fois forte et subtile de son ami, quand il la compara à la trompe, si merveilleusement organisée, dont l’éléphant se sert avec une égale facilité pour une paille et pour déraciner un chêne.

Voici en quels termes sir Walter Scott parle de son compatriote, dans la préface du Monastère :

« Watt n’était pas seulement le savant le plus profond ; celui qui avec le plus de succès avait tiré de certaines combinaisons de nombres et de forces des applications usuelles ; il n’occupait pas seulement un des premiers rangs parmi ceux qui se font remarquer par la généralité de leur instruction ; il était encore le meilleur, le plus aimable des hommes. La seule fois que je l’aie rencontré, il était entouré d’une petite réunion de littérateurs du Nord… Là, je vis et j’entendis ce que je ne verrai et n’entendrai plus jamais. Dans la quatre-vingt-unième année de son âge, le vieillard, alerte, aimable, bienveillant, prenait un vif intérêt à toutes les questions ; sa science était à la disposition de qui la réclamait. Il répandait les trésors de ses talents et de son imagination sur tous les sujets. Parmi les gentlemen se trouva un profond philologue ; Watt discuta avec lui