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WATT DANS LA RETRAITE. — DÉTAILS SUR SA VIE ET SON CARACTÈRE. — SA MORT. — LES NOMBREUSES STATUES ÉLEVÉES À SA MÉMOIRE. — RÉFLEXIONS.


Watt avait épousé, en 1764 sa cousine mademoiselle Miller. C’était une personne accomplie, dont l’esprit distingué, la douceur inaltérable, le caractère enjoué, arrachèrent bientôt le célèbre ingénieur à l’indolence, au découragement, à la misanthropie qu’une maladie nerveuse et l’injustice des hommes menaçaient de rendre fatale. Sans mademoiselle Miller, Watt n’aurait peut-être jamais livré au public ses belles inventions. Quatre enfants, deux garçons et deux filles, sortirent de cette union. Madame Watt mourut en couche d’un troisième garçon, qui ne vécut pas. Son mari était alors occupé, dans le nord de l’Écosse, des plans du canal Calédonien. Que ne m’est-il permis de transcrire ici avec leur naïveté quelques lignes du journal dans lequel il déposait chaque jour ses pensées les plus intimes, ses craintes, ses espérances ! que ne puis-je vous le montrer s’arrêtant, après son malheur, sur le seuil de la porte de la maison où ne l’attendait plus sa douce bienvenue (my kind welcomer) ; n’ayant pas la force de pénétrer dans des appartements où il ne devait plus trouver le comfort de sa vie (the comfort of my life) ! Peut-être la peinture si vraie d’une douleur profonde réduirait-elle enfin au silence les esprits systématiques qui, sans s’arrêter à mille et mille démentis éclatants, refusent les qualités du cœur à tout homme dont l’intelli-