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Une théorie dont la conception n’eût présenté aucune difficulté aurait été certainement dédaignée par Cavendish. Rappelez-vous avec quelle vivacité, sous l’inspiration de cet homme de génie, Blagden en réclama la priorité contre Lavoisier.

Priestley, sur qui devait rejaillir une bonne part de l’honneur attaché à la découverte de Watt, Priestley, dont les sentiments affectueux pour le célèbre ingénieur ne pourraient être contestés, lui écrivait, à la date du 29 avril 1783 : « Regardez avec surprise et indignation la figure d’un appareil à l’aide duquel j’ai miné sans retour votre belle hypothèse. »

En résumé, une hypothèse dont on riait à la Société royale ; qui faisait sortir Cavendish de sa réserve habituelle ; que Priestley, mettant tout amour-propre de côté, s’attachait à ruiner, mérite d’être enregistrée dans l’histoire des sciences comme une grande découverte, quelque idée que des connaissances devenues vulgaires puissent nous en donner aujourd’hui[1].

Le blanchissage à l’aide du chlore, cette belle invention de Berthollet, fut introduit en Angleterre par James

  1. Lord Brougham assistait à la séance publique où je payai, au nom de l’Académie des sciences, ce tribut de reconnaissance et d’admiration à la mémoire de Watt.

    De retour en Angleterre, il recueillit de précieux documents et étudia de nouveau la question historique à laquelle je viens de donner tant de place, avec la supériorité de vues qui lui est familière, avec le scrupule, en quelque sorte judiciaire, qu’on pouvait attendre de l’ancien lord chancelier de la Grande-Bretagne. Je dois à une bienveillance dont je sens tout le prix, de pouvoir offrir au public le fruit encore inédit du travail de mon illustre confrère. On le trouvera à la suite de cet Éloge.