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un juste suffrage à cette théorie, parce qu’elle semble maintenant une conséquence inévitable des faits, oublieraient que les plus belles découvertes de l’esprit humain ont été surtout remarquables par leur simplicité. Que fit Newton, lui-même, lorsque répétant une expérience déjà connue quinze siècles auparavant, il découvrit la lumière blanche ? Il donna de cette expérience une interprétation tellement naturelle, qu’il paraît impossible aujourd’hui d’en trouver une autre. « Tout ce qu’on tire, dit-il, à l’aide de quelque procédé que ce soit, d’un faisceau de lumière blanche, y était contenu à l’état de mélange. Le prisme de verre n’a aucune faculté créatrice. Si le faisceau parallèle et infiniment délié de lumière solaire qui tombe sur sa première face, sort par la seconde en divergeant et avec une largeur sensible, c’est que le verre sépare ce qui, dans le faisceau blanc, était, par sa nature, inégalement réfrangible. » Ces paroles ne sont pas autre chose que la traduction littérale de l’expérience connue du spectre solaire prismatique. Cette traduction avait cependant échappé à un Aristote, à un Descartes, à un Robert Hooke !

Venons, sans sortir du sujet, à des arguments qui iront au but plus directement encore. La théorie, conçue par Watt, de la composition de l’eau arrive à Londres. Si, dans les idées du temps, elle est aussi simple, aussi évidente qu’elle nous le paraît aujourd’hui, le conseil de la Société royale ne manquera pas de l’adopter. Il n’en est rien : son étrangeté fait même douter de la vérité des expériences de Priestley. On va jusqu’à en rire, dit Deluc, comme de l’explication de la dent d’or.