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Pour rendre l’imbroglio complet, les protes, les compositeurs, les imprimeurs des Transactions philosophiques se mirent aussi de la partie. Plusieurs dates y sont inexactement rapportées. Sur les exemplaires séparés de son Mémoire que Cavendish distribua à divers savants, j’aperçois une erreur d’une année entière. Par une triste fatalité, car c’est un malheur réel de donner lieu involontairement à des soupçons fâcheux et immérités, aucune de ces nombreuses fautes d’impression n’était favorable à Watt ! À Dieu ne plaise que j’entende inculper par ces remarques la probité littéraire des savants illustres dont j’ai cité les noms : elles prouvent seulement qu’en matière de découvertes, la plus stricte justice est tout ce qu’on doit attendre d’un rival, d’un compétiteur, quelque éminente que soit déjà sa réputation. Cavendish écoutait à peine les gens d’affaires, quand ils allaient le consulter sur le placement de ses 25 ou 30 millions ; vous savez maintenant s’il avait la même indifférence pour des expériences. On se montrerait donc peu exigeant en demandant, qu’à l’exemple des juges civils, les historiens de la science n’accueillissent jamais comme titres de propriété valables, que des titres écrits ; peut-être devrais-je même ajouter, que des titres publiés. Alors, mais seulement alors, finiraient ces querelles, sans cesse renaissantes, dont les vanités nationales font ordinairement les frais ; alors le nom de Watt reprendrait dans l’histoire de la chimie la place élevée qui lui appartient.

La solution d’une question de priorité, quand elle se fonde, comme celle que je viens de lire, sur l’examen le plus attentif de Mémoires imprimés et sur la comparaison