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liers efforts que firent longtemps les chimistes pour ne pas se rendre aux conséquences naturelles de leurs expériences. L’observation dont je veux parler appartient à Macquer.

Ce chimiste judicieux ayant placé une soucoupe de porcelaine blanche sur la flamme de gaz hydrogène qui brûlait tranquillement au goulot d’une bouteille, observa que cette flamme n’était accompagnée d’aucune fumée proprement dite, qu’elle ne déposait point de suie ; l’endroit de la soucoupe que la flamme léchait se couvrit de gouttelettes assez sensibles d’un liquide semblable à de l’eau, et qui, après vérification, se trouva être de l’eau pure. Voilà assurément un singulier résultat. Remarquez-le bien, c’est au milieu de la flamme, dans l’endroit de la soucoupe qu’elle léchait, comme dit Macquer, que se déposèrent les gouttelettes d’eau ! Ce chimiste, cependant, ne s’arrête point sur ce fait ; il ne s’étonne pas de ce qu’il a d’étonnant ; il le cite tout simplement, sans aucun commentaire ; il ne s’aperçoit pas qu’il vient de toucher du doigt à une grande découverte.

Le génie, dans les sciences d’observation, se réduirait-il donc à la faculté de dire à propos, Pourquoi ?

Le monde physique compte des volcans qui n’ont jamais fait qu’une seule explosion. Dans le monde intellectuel il est, de même, des hommes qui, après un éclair de génie, disparaissent entièrement de l’histoire de la science. Tel a été Warltire, dont l’ordre chronologique des dates m’amène à citer une expérience vraiment remarquable. Au commencement de l’année 1781, ce physicien imagina qu’une étincelle électrique ne pourrait