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l’histoire a conservé le souvenir la recommanderaient aussi par son côté économique.

Aux objections des théoriciens qui craignaient de voir les progrès de la mécanique réduire les classes ouvrières à une inaction complète, ont succédé des difficultés tout opposées, sur lesquelles il semble indispensable de s’arrêter quelques instants.

En supprimant dans les manufactures toutes les manœuvres de force, les machines permettent d’y appeler en grand nombre les enfants des deux sexes. Des industriels, des parents cupides abusent souvent de cette faculté. Le temps consacré au travail dépasse toute mesure raisonnable. Pour l’appât journalier de huit à dix centimes, on voue à un abrutissement éternel des intelligences que quelques heures d’étude eussent fécondées, on condamne à un douloureux rachitisme des organes qui auraient besoin, pour se développer, du grand air et de l’action bienfaisante des rayons solaires.

Demander au législateur de mettre un terme à cette hideuse exploitation du pauvre par le riche ; solliciter des mesures pour combattre la démoralisation qui est la conséquence ordinaire des nombreuses réunions des jeunes ouvriers ; essayer d’introduire, de disséminer certaines machines dans les chaumières, afin que, suivant les saisons, les travaux agricoles puissent s’y marier à ceux de l’industrie, c’est faire acte de patriotisme, d’humanité ; c’est bien connaître les besoins actuels des classes ouvrières. Mais s’obstiner à exécuter de main d’homme, laborieusement, chèrement, des travaux que les machines réalisent en un clin d’œil et à bon marché ; mais assimi-