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d’un entretien comparativement économique, et dont chacune peut exécuter, par jour, le travail de six ou sept ouvriers.

L’économie politique a heureusement pris place parmi les sciences d’observation. L’expérience de la substitution des machines aux êtres animés s’est trop souvent renouvelée depuis quelques années, pour qu’on ne puisse pas, dès à présent, en saisir les résultats généraux au milieu de quelques irrégularités accidentelles. Ces résultats, les voici :

En épargnant la main-d’œuvre, les machines permettent de fabriquer à meilleur marché ; l’effet de ce meilleur marché est une augmentation de demande : une si grande augmentation, tant notre désir de bien-être a de vivacité, que, malgré le plus inconcevable abaissement dans les prix, la valeur vénale de la totalité de la marchandise produite surpasse chaque année ce qu’elle était avant le perfectionnement ; le nombre des ouvriers qu’emploie chaque industrie s’accroît avec l’introduction des moyens de fabrication expéditifs.

Ce dernier résultat est précisément l’opposé de celui que les adversaires des machines invoquent. De prime abord, il pourrait sembler paradoxal ; cependant nous allons le voir ressortir d’un examen rapide des faits industriels les mieux constatés.

Lorsque, il y a trois siècles et demi, la machine à imprimer fut inventée, des copistes pourvoyaient de livres le très-petit nombre d’hommes riches qui se permettaient cette dispendieuse fantaisie. Un seul de ces copistes, à l’aide du nouveau procédé, pouvant faire l’ouvrage de