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termes acerbes. « Ce que je redoute le plus au monde, écrivait-il à un de ses amis, ce sont les plagiaires. Les plagiaires ! Ils m’ont déjà cruellement assailli, et si je n’avais pas une excellente mémoire, leurs impudentes assertions auraient fini par me persuader que je n’ai apporté aucune amélioration à la machine à vapeur. Les mauvaises passions de ceux à qui j’ai été le plus utile, vont, le croiriez-vous ? jusqu’à leur faire soutenir que ces améliorations, loin de mériter une pareille qualification, ont été très-préjudiciables à la richesse publique. »

Watt, quoique vivement irrité, ne se découragea pas. Ses machines n’étaient d’abord, comme celles de Newcomen, que de simples pompes, que de simples moyens d’épuisement. En peu d’années il les transforma en moteurs universels, et d’une puissance indéfinie. Son premier pas, dans cette voie, fut la création de la machine à double effet.

Pour en concevoir le principe, qu’on se reporte à la machine modifiée dont nous avons déjà parlé (page 415). Le cylindre est fermé ; l’air extérieur n’y a aucun accès ; c’est la pression de la vapeur, et non celle de l’atmosphère qui fait descendre le piston ; c’est à un simple contre-poids qu’est dû le mouvement ascensionnel, car à l’époque où ce mouvement s’opère, la vapeur pouvant circuler librement entre le haut et le bas du cylindre, presse également le piston dans les deux sens opposés. Chacun voit ainsi que la machine modifiée, comme celle de Newcomen, n’a de force réelle que pendant l’oscillation descendante du piston.