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de ma famille, qui tenait à me faire renoncer aux carrières que l’École polytechnique alimentait. Mais, bientôt, mon goût pour les études mathématiques l’emporta ; j’augmentai ma bibliothèque de l’Introduction à l’analyse infinitésimale d’Euler, de la Résolution des équations numériques, de la Théorie des fonctions analytiques et de la Mécanique analytique de Lagrange, enfin de la Mécanique céleste de Laplace. Je me livrai à l’étude de ces ouvrages avec une grande ardeur. Le journal de l’École renfermant des travaux tels que le Mémoire de M. Poisson sur l’élimination, je me figurais que tous les élèves étaient de la même force que ce géomètre, et qu’il fallait s’élever jusqu’à sa hauteur pour réussir.

À partir de ce moment, je me préparai à la carrière d’artilleur, point de mire de mon ambition ; et comme j’avais entendu dire qu’un officier devait savoir la musique, faire des armes et danser, je consacrai les premières heures de chaque journée à la culture de ces trois arts d’agrément.

Le reste du temps, on me voyait me promenant dans les fossés de la citadelle de Perpignan, et cherchant, par des transitions plus ou moins forcées, à passer d’une question à l’autre, de manière à être assuré de pouvoir montrer à l’examinateur jusqu’où mes études s’étaient étendues[1].

  1. Méchain, membre de l’Académie des Sciences et de l’Institut, fut chargé en 1792 d’aller prolonger la mesure de la méridienne en Espagne, jusqu’à Barcelone. Pendant ses opérations dans les Pyrénées, en 1794, il avait connu mon père qui était un des administrateurs du département des Pyrénées-Orientales. Plus tard, en 1803, lorsqu’il s’agissait de continuer la mesure de la méridienne