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rience enseigne que l’entière dissolution de certains alliages exige l’emploi successif de plusieurs acides. La force de caractère, la persistance de volonté qui déjouent à la longue les intrigues les mieux ourdies, peuvent ne pas se trouver réunies au génie créateur. Watt, au besoin, en serait une preuve convaincante. Son invention capitale, son heureuse idée sur la possibilité de condenser la vapeur d’eau dans un vase entièrement séparé du cylindre où l’action mécanique s’exerce, est de 1765. Deux années s’écoulent, et à peine fait-il quelques démarches pour essayer de l’appliquer en grand. Ses amis, enfin, le mettent en rapport avec le docteur Roëbuck, fondateur de la vaste usine de Carron, encore célèbre aujourd’hui. L’ingénieur et l’homme à projets s’associent ; Watt lui cède les deux tiers de sa patente. Une machine est exécutée d’après les nouveaux principes ; elle confirme toutes les prévisions de la théorie : son succès est complet. Mais, sur ces entrefaites, la fortune du docteur Roëbuck reçoit divers échecs. L’invention de Watt les eût réparés, sans aucun doute : il suffisait de chercher quelques bailleurs de fonds ; notre confrère trouva plus simple de renoncer à sa découverte et de changer de carrière. En 1767, pendant que Smeaton exécutait entre les deux rivières de la Forth et de la Clyde, les triangulations et les nivellements, avant-coureurs des gigantesques travaux dont cette partie de l’Écosse devait devenir le théâtre, nous trouvons Watt faisant des opérations analogues, le long d’une ligne rivale traversant le passage du Lomond. Plus tard, il trace les plans d’un canal destiné à porter à Glasgow les produits des houillères de Monkland, et en dirige l’exé-