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froide qu’il faut injecter duns le cylindre pour donner à l’oscillation descendante du piston une certaine force ; enfin, l’élasticité de la vapeur à différentes températures.

Il y avait là de quoi remplir la vie d’un physicien laborieux ; Watt, cependant, trouva le moyen de mener à bon port de si nombreuses, de si difficiles recherches, sans que les travaux de l’atelier en souffrissent. Le docteur Cleland voulut bien naguère me conduire à la maison, voisine du port de Glasgow, où notre confrère se retirait en quittant les outils et devenait expérimentateur. Elle était rasée ! Notre dépit fut vif mais de courte durée. Dans l’enceinte encore visible des fondations, dix à douze ouvriers vigoureux semblaient occupés à sanctifier le berceau des machines à vapeur modernes : ils frappaient à coups redoublés les diverses pièces de bouilleurs, dont les dimensions réunies égalaient, certainement, celles de l’humble demeure qui venait de disparaître. Sur cette place et dans une pareille circonstance, le plus élégant hôtel, le plus somptueux monument, la plus belle statue, eussent réveillé moins d’idées que les colossales chaudières !

Si les propriétés de la vapeur d’eau sont encore présentes à votre esprit, vous apercevrez d’un coup d’œil que le jeu économique de la machine de Newcomen semble exiger deux conditions inconciliables. Quand le piston descend, il faut que le cylindre soit froid, sans cela il y rencontre une vapeur, encore fort élastique, qui retarde beaucoup sa marche et diminue l’effet de l’atmosphère extérieure. Lorsque ensuite, de la vapeur à 100º afflue dans ce même cylindre, si les parois sont froides, cette vapeur les réchauffe en se liquéfiant partiellement, et