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combustible, si les travaux de Watt, dont il me reste à vous présenter l’analyse, n’étaient venus lui donner une perfection inespérée. Cette perfection, il ne faudrait pas la considérer comme le résultat de quelque observation fortuite ou d’une seule inspiration ingénieuse ; l’auteur y est arrivé par un travail assidu, par des expériences d’une finesse, d’une délicatesse extrêmes. On dirait que Watt avait pris pour guide cette célèbre maxime de Bacon : « Écrire, parler, méditer, agir quand on n’est pas bien pourvu de faits qui jalonnent la pensée, c’est naviguer sans pilote le long d’une côte hérissée de dangers ; c’est s’élancer dans l’immensité de l’Océan sans boussole et sans gouvernail. »

Il y avait dans la collection de l’Université de Glasgow, un petit modèle de la machine à vapeur de Newcomen, qui jamais n’avait pu fonctionner convenablement. Le professeur de physique Anderson chargea Watt de le réparer. Sous la main puissante de l’artiste, les vices de construction disparurent ; dès lors, chaque année, l’appareil manœuvra dans les amphithéâtres, aux yeux des étudiants émerveillés, Un homme ordinaire se fût contenté de ce succès. Watt, au contraire, suivant sa coutume, y vit l’occasion des plus sérieuses études. Ses recherches portèrent successivement sur tous les points qui semblaient pouvoir éclairer la théorie de la machine. Il détermina la quantité dont l’eau se dilate quand elle passe de l’état liquide à celui de vapeur ; la quantité d’eau qu’un poids donné de charbon peut vaporiser ; la quantité de vapeur en poids, que dépense, à chaque oscillation, une machine de Newcomen de dimensions connues ; la quantité d’eau