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la machine que cet ingénieur construisit, en 1698, à celle de ses deux devanciers, quoiqu’il y ait introduit quelques modifications essentielles : celle entre autres, de créer la vapeur dans un vase particulier. S’il importe peu, quant au principe, que la vapeur soit engendrée aux dépens de l’eau à élever et au sein même de la chaudière où elle doit agir, ou qu’elle naisse dans un vase séparé pour se rendre à volonté, à l’aide d’un tuyau de communication portant un robinet, au-dessus du liquide qu’il faut refouler, il n’en est certainement pas de même sous le point de vue de la pratique. Un autre changement encore plus capital, bien digne d’une mention spéciale et dû également à Savery, trouvera mieux sa place dans l’article que nous consacrerons tout à l’heure aux travaux de Papin et de Newcomen.

Savery avait intitulé son ouvrage l’Ami des mineurs (Miner’s friend). Les mineurs se montrèrent peu sensibles à la politesse. À une seule exception près, aucun ne lui commanda des machines. Elles n’ont été employées que pour distribuer de l’eau dans les diverses parties des palais, des maisons de plaisance, des parcs et des jardins ; on n’y a eu recours que pour franchir des différences de niveau de 12 à 15 mètres. Il faut reconnaître, au reste que les dangers d’explosion auraient été redoutables, si on avait donné aux appareils l’immense puissance à laquelle leur inventeur prétendait atteindre.

Malgré ce que le succès pratique de Savery présente d’incomplet, le nom de cet ingénieur mérite d’occuper une place très-distinguée dans l’histoire de la machine à vapeur. Les personnes dont toute la vie a été consacrée