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ment il était arrivé si promptement à porter l’épaulette. « Je sors de l’École polytechnique, répondit-il. — Qu’est-ce que cette école-là ? — C’est une école où l’on entre par examen. — Exige-t-on beaucoup des candidats ? — Vous le verrez dans le programme que le Gouvernement envoie tous les ans à l’administration départementale ; vous le trouverez d’ailleurs dans les numéros du journal de l’École, qui existe à la bibliothèque de l’école centrale. »

Je courus sur-le-champ à cette bibliothèque ; et c’est là que, pour la première fois, je lus le programme des connaissances exigées des candidats.

À partir de ce moment, j’abandonnai les classes de l’école centrale, où l’on m’enseignait à admirer Corneille, Racine, La Fontaine, Molière, pour ne plus fréquenter que le cours de mathématiques. Ce cours était confié à un ancien ecclésiastique, l’abbé Verdier, homme fort respectable, mais dont les connaissances n’allaient pas au delà du cours élémentaire de La Caille. Je vis d’un coup d’œil que les leçons de M. Verdier ne suffiraient pas pour assurer mon admission à l’École polytechnique ; je me décidai alors à étudier moi-même les ouvrages les plus nouveaux, que je fis venir de Paris. C’étaient ceux de Legendre, de Lacroix et de Garnier. En parcourant ces ouvrages, je rencontrai souvent des difficultés qui épuisaient mes forces. Heureusement, chose étrange et peut-être sans exemple dans tout le reste de la France, il y avait à Estagel un propriétaire, M. Raynal, qui faisait ses délassements de l’étude des mathématiques transcendantes. C’était dans sa cuisine, en donnant ses