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partie inférieure de ces parois. Lorsqu’il sera ouvert, l’eau poussée par la vapeur en jaillira avec une vitesse extrême. Si le robinet aboutit à un tuyau qui après s’être recourbé en dehors autour de la bombe se dirige verticalement de bas en haut, l’eau refoulée y montera d’autant plus que la vapeur aura plus d’élasticité ; ou bien, car c’est la même chose en d’autres termes, l’eau s’élèvera d’autant plus que sa température sera plus forte. Ce mouvement ascensionnel ne trouvera de limites que dans la résistance des parois de l’appareil.

À notre bombe substituons une chaudière métallique épaisse, d’une vaste capacité, et rien ne nous empêchera de porter de grandes masses de liquide à des hauteurs indéfinies par la seule action de la vapeur d’eau, et nous aurons crée, dans toute l’acception de ce mot, une machine à vapeur pouvant servir aux épuisements.

Vous connaissez maintenant l’invention que la France et l’Angleterre se sont disputée, comme jadis sept villes de la Grèce s’attribuèrent, tour à tour, l’honneur d’avoir été le berceau d’Homère. Sur l’autre rive de la Manche on en gratifie unanimement le marquis de Worcester, de l’illustre maison de Somerset. De ce côté-ci du détroit, nous soutenons qu’elle appartient à un humble ingénieur presque totalement oublié des biographes : à Salomon de Caus, qui naquit à Dieppe ou dans ses environs. Jetons un coup d’œil impartial sur les titres des deux compétiteurs.

Worcester, gravement impliqué dans les intrigues des dernières années du règne des Stuarts, fut enfermé dans la Tour de Londres :

Que faire en pareil gîte, à moins que l’on ne songe ?