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nous en apercevions ; mais le lendemain je tombe de fatigue. Madame, remmenez votre fils chez vous. »

James Watt avait un frère cadet, John[1], qui, en se décidant à embrasser la carrière de son père, lui laissa, d’après les coutumes écossaises, qui veulent que la profession paternelle soit adoptée par l’un des enfants, la liberté de suivre sa vocation ; mais cette vocation était difficile à découvrir, car le jeune étudiant s’occupait de tout avec un égal succès.

Les rives du Loch Lomond, déjà si célèbres par les souvenirs de l’historien Buchanan et de l’illustre inventeur des logarithmes, développaient son goût pour les beautés de la nature et de la botanique. Des courses sur diverses montagnes d’Écosse lui faisaient sentir que la croûte inerte du globe n’est pas moins digne d’attention, et il devenait minéralogiste. James profitait aussi de ses fréquents rapports avec les pauvres habitants de ces contrées pittoresques, pour déchiffrer leurs traditions locales, leurs ballades populaires, leurs sauvages préjugés. Quand la mauvaise santé le retenait sous le toit paternel, c’était principalement la chimie qui devenait l’objet de ses expériences. Les Elements of natural philosophy de s’Gravesande l’initiaient aussi aux mille et mille merveilles de la physique générale ; enfin, comme toutes les personnes malades, il dévorait les ouvrages de médecine et de chirurgie qu’il pouvait se procurer. Ces dernières sciences avaient excité chez l’écolier une telle passion, qu’on le

  1. Il périt, en 1762, sur un des navires de son père, dans la traversée de Greenock en Amérique, à l’âge de vingt-trois ans.