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« Vous pourriez bien, Monsieur, avoir porté un jugement précipité ; avant de nous condamner, examinez attentivement ce qui occupe mon fils. » La réparation ne se fit pas attendre : l’enfant de six ans cherchait la solution d’un problème de géométrie.

Guidé par sa tendresse éclairée, le vieux James Watt avait mis de bonne heure un certain nombre d’outils à la disposition du jeune écolier. Celui-ci s’en servait avec la plus grande adresse ; il démontait et remontait les jouets d’enfant qui tombaient sous sa main ; il en exécutait sans cesse de nouveaux. Plus tard, il les appliqua à la construction d’une petite machine électrique, dont les brillantes étincelles devinrent un vif sujet d’amusement et de surprise pour tous les camarades du pauvre valétudinaire.

Watt, avec une mémoire excellente, n’eût peut-être pas figuré parmi les petits prodiges des écoles ordinaires. Il aurait refusé d’apprendre les leçons comme un perroquet, parce qu’il sentait le besoin d’élaborer soigneusement les éléments intellectuels qu’on présentait à son esprit ; parce que la nature l’avait surtout créé pour la méditation. James Watt, au surplus, augurait très-favorablement des facultés naissantes de son fils. Des parents plus éloignés et moins perspicaces ne partageaient pas les mêmes espérances. « James, dit un jour madame Muirhead à son neveu, je n’ai jamais vu un jeune homme plus paresseux que vous. Prenez donc un livre et occupez-vous utilement. Il s’est écoulé plus d’une heure sans que vous ayez articulé un seul mot. Savez-vous ce que vous avez fait pendant ce long intervalle ? vous avez