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ment gagnée. Il mourut à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, en 1782.

James Watt, le sujet de cet éloge, naquit avec une complexion extrêmement délicate. Sa mère, dont le nom de famille était Muirhead, lui donna les premières leçons de lecture. Il apprit de son père à écrire et à compter. Il suivit aussi l’école publique primaire de Greenock. Les humbles grammar schools écossaises auront ainsi le droit d’inscrire avec un juste orgueil le nom du célèbre ingénieur parmi ceux des élèves qu’elles ont formés, comme le collége de La Flèche citait jadis Descartes, comme l’université de Cambridge cite encore aujourd’hui Newton.

Pour être exact, je dois dire que de continuelles indispositions ne permettaient pas au jeune Watt de se rendre assidûment à l’école publique de Greenock ; qu’une grande partie de l’année, il était retenu dans sa chambre et s’y livrait à l’étude, sans aucun secours étranger. Comme c’est l’ordinaire, de hautes facultés intellectuelles destinées à produire de si heureux fruits, commencèrent à se développer dans la retraite et le recueillement.

Watt était trop maladif pour que ses parents eussent la pensée de lui imposer des occupations assidues. Ils lui laissaient même le libre choix de ses distractions. On va voir s’il en abusait.

Un ami de M. Watt rencontra un jour le petit James étendu sur le parquet et traçant avec de la craie toute sorte de lignes entre-croisées. « Pourquoi permettez-vous, s’écria-t-il, que cet enfant gaspille ainsi son temps ? envoyez-le donc à l’école publique ! » M. Watt repartit :