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au cœur. À Paris, on ne pouvait guère se méprendre sur la cause première des fréquentes suffocations qu’il éprouvait. Une chute faite le 4 mai 1830 en descendant un escalier, donna, toutefois, à la maladie une marche beaucoup plus rapide qu’on n’avait jamais dû le craindre. Notre confrère, malgré de vives instances, persista à ne vouloir combattre les plus menaçants symptômes qu’à l’aide de la patience et d’une haute température. Le 16 mai 1830, vers les quatre heures du soir, Fourier éprouva dans son cabinet de travail une violente crise dont il était loin de pressentir la gravité ; car, après s’être jeté tout habillé sur un lit, il pria M. Petit, jeune médecin de ses amis qui lui donnait des soins, de ne pas s’éloigner « afin, lui dit-il, que nous puissions tout à l’heure causer ensemble. » Mais à ces paroles succédèrent bientôt les cris : Vite, vite, du vinaigre, je m’évanouis ! et un des savants qui jetaient le plus d’éclat sur l’Académie avait cessé de vivre !

Cet événement cruel est trop récent, Messieurs, pour qu’il soit nécessaire de rappeler ici, et la douleur profonde qu’éprouva l’Institut en perdant une de ses premières notabilités ; et ces obsèques, où tant de personnes, ordinairement divisées d’intérêts et d’opinions, se réunirent dans un sentiment commun de vénération et de regrets, autour des restes inanimés de Fourier ; et l’École polytechnique, se joignant en masse au cortége pour rendre hommage à l’un de ses plus anciens, de ses plus célèbres professeurs ; et les paroles qui, sur les bords de la tombe, dépeignirent si éloquemment le profond mathématicien, l’écrivain plein de goût, l’administrateur intègre,