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ter que les titres académiques de Fourier ne furent pas même l’objet d’un doute. Les applaudissements qu’on avait prodigués aux éloquents éloges de Delambre, de Bréguet, de Charles, d’Herschel, montraient assez que si leur auteur n’eût pas été déjà l’un des membres les plus distingués de l’Académie des sciences, le public, tout entier, l’aurait appelé à prendre rang parmi les arbitres de la littérature française.


CARACTÈRE DE FOURIER. – SA MORT.


Rendu enfin, après tant de traverses, à des occupations favorites, Fourier passa ses dernières années dans la retraite et l’accomplissement des devoirs académiques. Causer, était devenu la moitié de sa vie. Ceux qui ont cru trouver là le texte d’un juste reproche avaient sans doute oublié que de constantes méditations ne sont pas moins impérieusement interdites à l’homme, que l’abus des forces physiques. Le repos, en toute chose, remonte notre frêle machine ; mais ne se repose pas qui veut, Messieurs ! Interrogez vos propres souvenirs, et dites si, quand vous poursuivez une vérité nouvelle, la promenade, les conversations du grand monde, si le sommeil même ont le privilége de vous distraire ? La santé fort délabrée de Fourier lui commandait de grands ménagements. Après bien des essais, il n’avait trouvé qu’un moyen de s’arracher aux contentions d’esprit qui l’épuisaient : c’était de parler à haute voix sur les événements de sa vie ; sur ses travaux scientifiques, en projet ou déjà terminés ; sur les injustices dont il avait eu à se plaindre. Tout le monde avait