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Dans notre pays, l’absurde dure peu. Aussi, en 1817, lorsque l’Académie, sans se laisser décourager par le mauvais succès de sa première tentative, nomma unanimement Fourier à la place qui venait de vaquer en physique, la confirmation royale fut accordée sans difficulté. Je dois ajouter que, bientôt après, le pouvoir, dont toutes les répugnances s’étaient dissipées, applaudit franchement, sans arrière-pensée, à l’heureux choix que vous fîtes du savant géomètre, pour remplacer Delambre comme secrétaire perpétuel. On alla même jusqu’à vouloir lui confier la direction des beaux-arts ; mais notre confrère eut le bon esprit de refuser.

À la mort de Lémontey, l’Académie française, où Laplace et Cuvier représentaient déjà les sciences, appela encore Fourier dans son sein. Les titres littéraires du plus éloquent collaborateur de l’ouvrage d’Égypte étaient incontestables ; ils étaient même incontestés, et cependant cette nomination souleva dans les journaux de violents débats qui affligèrent profondément notre confrère. Mais aussi, n’était-ce pas une question, que celle de savoir si ces doubles nominations sont utiles ? Ne pouvait-on pas soutenir, sans se rendre coupable d’un paradoxe, qu’elles éteignent chez la jeunesse une émulation que tout nous fait un devoir d’encourager ? Que deviendrait, d’ailleurs, à la longue, avec des académiciens doubles, triples, quadruples, cette unité si justement vantée de l’ancien Institut ? Le public finirait par ne plus vouloir la trouver que dans l’unité du costume.

Quoi qu’il en soit de ces réflexions, dont vous ferez prompte justice si je me suis trompé, je me hâte de répé-