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à Voltaire sur l’Origine des sciences et sur l’Atlantide. Mais l’ingénieux roman auquel elle sert de base s’est dissipé comme une ombre devant le flambeau des mathématiques.

Fourier ayant découvert que l’excès de la température totale de la surface terrestre sur celle qui résulterait de la seule action des rayons solaires, a une relation nécessaire et déterminée avec l’accroissement des températures à différentes profondeurs, a pu déduire de la valeur expérimentale de cet accroissement une détermination numérique de l’excès en question. Cet excès est l’effet thermométrique que la chaleur centrale produit à la surface ; or, au lieu des grands nombres adoptés par Mairan, Bailly, Buffon, qu’a trouvé notre confrère ? un trentième de degré, pas davantage.

La surface du globe, qui, à l’origine des choses, était peut-être incandescente, s’est donc refroidie dans le cours des siècles, de manière à conserver à peine une trace sensible de sa température primitive. Cependant, à de grandes profondeurs, la chaleur d’origine est encore énorme. Le temps altérera notablement les températures intérieures ; mais à la surface (et les phénomènes de la surface sont les seuls qui puissent modifier ou compromettre l’existence des êtres vivants), tous les changements sont à fort peu près accomplis. L’affreuse congélation du globe, dont Buffon fixait l’époque au moment où la chaleur centrale se sera totalement dissipée, est donc un pur rêve. À l’extérieur, la terre n’est plus imprégnée que de chaleur solaire. Tant que le soleil conservera le même éclat, les hommes, d’un pôle à l’autre,