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même je m’arrêtais à décrire une de ces antiques époques pendant lesquelles la terre, la mer et l’atmosphère n’avaient pour habitants que des reptiles à sang froid de dimensions énormes ; des tortues à carapaces de 3 mètres de diamètre ; des lézards de 17 mètres de long ; des ptérodactyles, véritables dragons volants aux formes si bizarres, qu’on a pu vouloir, d’après les arguments d’une valeur réelle, les placer tour à tour parmi les reptiles, parmi les mammifères ou parmi les oiseaux, etc. Le but que je me propose n’exige pas d’aussi grands détails ; une seule remarque suffira.

Parmi les ossements que renferment les terrains les plus voisins de la surface actuelle du globe, il y en a d’hippopotame, de rhinocéros, d’éléphant. Ces restes d’animaux des pays chauds, existent sous toutes les latitudes. Les voyageurs en ont même découvert à l’île Melville, où la température descend aujourd’hui jusqu’à 50 degrés au-dessous de zéro. En Sibérie, on les trouve en si grande abondance, que le commerce s’en est emparé. Enfin, sur les falaises dont la mer Glaciale est bordée, ce ne sont plus des fragments de squelette qu’on rencontre, mais des éléphants tout entiers, recouverts encore de leur chair et de leur peau.

Je me tromperais fort, Messieurs, si chacun de vous n’avait pas tiré de ces faits remarquables une conséquence très-remarquable aussi, à laquelle, au surplus, la flore fossile nous avait habitués ; c’est qu’en vieillissant, les régions polaires de notre globe éprouvèrent un refroidissement prodigieux.

Dans l’explication d’un phénomène si curieux, les cos-