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rêveries dont son mémoire fourmille ne sont rachetées, cette fois, par aucune de ces brillantes découvertes d’analyse, j’ai presque dit de ces sublimes inspirations qui lui étaient si familières. Heureusement Euler joignit à son mémoire un supplément vraiment digne de lui. Le père Lozeran de Fiesc et le comte de Créqui, obtinrent l’honneur insigne de voir leurs noms inscrits à côté de celui de l’illustre géomètre, sans qu’il soit possible aujourd’hui d’apercevoir dans leurs mémoires aucune espèce de mérite, pas même celui de la politesse, car l’homme de cour dit rudement à l’Académie : « La question que vous avez soulevée n’intéresse que la curiosité des hommes. »

Parmi les concurrents moins favorablement traités, nous apercevons l’un des plus grands écrivains que la France ait produits : l’auteur de la Henriade. Le mémoire de Voltaire était sans doute loin de résoudre le problème proposé ; mais il brillait du moins, par l’élégance, la clarté, la précision du langage ; j’ajouterai par une argumentation sévère, car si l’auteur, parfois, arrive à des résultats contestables, c’est seulement quand il emprunte de fausses données à la chimie et à la physique de l’époque, sciences qui venaient à peine de naître. Au surplus, la couleur anticartésienne de quelques articles du mémoire de Voltaire devait trouver peu de faveur dans une compagnie où le cartésianisme, escorté de ses insaisissables tourbillons, coulait à pleins bords.

On trouverait plus difficilement les causes qui firent dédaigner le mémoire d’un quatrième concurrent, de madame la marquise du Châtelet, car elle aussi était entrée dans la lice ouverte par l’Académie. Le travail